Arête Innominatta, au Mont Blanc

L'arête de l'Innominata c'est une des grandes courses de l'envers du Mont Blanc, se retrouver là bas dans cette ambiance grandiose et sauvage c'est le rêve de tout alpiniste. L'engagement, l'éloignement, l'altitude, ces paramètres sont plus importants à prendre en compte que les passages techniques qui n'excèdent pas le IV.

J'étais déjà bien plongé dans l'organisation de la fête des guides, quand Jean m'a passé un coup de fil: -t'es dispo début de semaine?; ouais que jusqu'à mardi car après je suis aux gaillands, c'est pour aller où?; Innominata ça te branche?; à fond avec qui?; Pascal, Jim et moi départ dimanche on a juste le crénau qu'il faut, le mauvais temps arrive mardi; ok on se retrouve chez toi samedi pour préparer...  Et voila je me retrouve partant pour une belle course avec de bons clients et un super pote, que demander de plus? le beau temps bien sûr!

Départ dimanche en début d'après-midi, avec Jean et Pascal direction Courmayeur où on va retrouver Jim qui arrive par le petit St Bernard. Comme souvent nous décidons de fractionner la montée au bivouac Eccles, en s'accordant une bonne nuit dans un refuge tout confort comme celui de Monzino, un pur bonheur de prendre le temps de se laisser envahir par la montagne, de prendre de l'altitude doucement en pensant à la course que l'on va tenter, ou à celle qui reste à faire dans ce coin du massif et là il reste de quoi s'occuper un petit moment!!

  Nous sommes quatre à partir du refuge en direction du bivouac Eccles, le glacier est en très bonnes conditions, la trace excellente, ça déroule tranquillement. La dernière fois que je suis passé par là c'était au cours d'une belle course puisqu'avec Michaël nous venions de faire la Blanche de Peuterey depuis Monzino. Mais le meilleur souvenir reste l'Hyper Couloir du Brouillard avec Jean, c'était pour moi la première fois que je montais au Mont Blanc par ce côté-ci, en plus l'hiver, avec les skis sur le dos, plus pour la descente que pour la montée!!!  Un beau combat pour moi les premières longueurs en tête, Jean avais pris le relais à la moitié, celui qui grimpait en second portait les deux paires de skis!!! bref souvenirs souvenirs....

Nous voilà donc dans ce petit tonneau qu'est le bivouac, petite halte dans celui du bas, avant de monter dans le palace, un tonneau tout neuf quelques mètres plus haut. Voilà nous avons tout l'après midi pour refaire le monde de la montagne bien sûr, parler des projets futurs et se remémorer de bons moments sur les courses précédentes. Une petite source bien déviée par un bout de cordelette remplira facilement nos gamelles, merci Jim et Pascal, qui ont étudié ce système pendant qu'avec Jean nous regardions les conditions pour monter au Col Eccles, que des marches, dément! tous à la sieste, c'est que demain le réveil va être tôt afin de sortir avant les orages.

Réveil à 1h30, après négociation, dur dur, petit déj rapide on s'équipe à tour de rôle et nous voilà prêts pour l'aventure, un petit rappel pour prendre pied sur la pente de neige juste au dessus de la rimaye, les marches ne sont pas si bonnes tant pis on refait une trace avec des marches régulières enfin on essaye. Lorsqu'on débouche au Col, étrange sensation de voir les lumières du chantier d'Helbronner, penser que des hommes travaillent dans la nuit, le bruit, la poussière pour fabriquer un nouveau téléphérique au rendement de fou, afin de déverser encore plus de touristes dans cet univers,alors que de notre côté c'est le calme absolu. On enchaine rapidement pour se trouver au pied de la longueur de IV, Jean est en tête, il pose le pied comme beaucoup sur le sommet du gros bloc au pied de la cheminée, mais ce bloc a décidé aujourd'hui de rendre une petite visite au glacier quelques centaines de mètres plus bas, j'ai juste le temps de plaquer Pascal sous un petit béquet et de me faire le plus petit possible, le bloc nous passe à ras et aussi à quelques centimètres de la corde... une petit frayeur on va faire attention pour la suite, rien ne sert de courir...

Le soleil nous rejoint à la sortie des grands couloirs, petit pause thé et biscuit, magnifique voilà l'un des moments que je préfère en montagne voir ces couleurs d'une nouvelle journée qui commence, penser que des milliers de personnes se réveillent alors que nous, nous sommes debout depuis un bon bout de temps, trêve de réveries, il faut avancer.

On rejoint l'arête, de bonnes marches, merci à ceux d'avant, facile alors de progresser en prenant le temps d'observer à droite et à gauche, on débouche sur la fin de l'arête du Brouillard, retour dans le monde des hommes on voit d'autres cordées arriver au Mont Blanc par la voie normale, nous les rejoignons émus et quelque peu surpris de se retrouver avec cette foule au sommet, une course magique, bien menée, pour la descente c'était un peu la cour des miracles...article de Jean à lire

Merci Jean, merci Jim et bien sur Pascal mon compagnon de cordée du jour.

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